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Bâtiments communautaires

Bâtiment agricole collectif : l’œil de l’architecte

Linda Aydostian, à la tête du cabinet d'architecte éponyme, pilote le projet et l'équipe de maîtrise d'œuvre pour la construction d'un bâtiment agricole collectif qui verra le jour à l'horizon 2024 sur la commune de Millery. En trois questions, elle livre son point de vue sur ce projet d'envergure pour la collectivité au service d'une agriculture vivante et durable sur le territoire.

Pouvez-vous nous présenter l’équipe de maîtrise d’œuvre ?

Notre cabinet, fondé par Linda AYDOSTIAN, architecte D.P.L.G., possède une expérience de plus de 20 ans sur des projets d’envergure, que ce soit de la construction ou de la réhabilitation. Quel que soit le projet, toute l’équipe s’attache à apporter à ses clients sa minutie et sa rigueur.

Pour le projet de construction du bâtiment agricole de Millery, nous avons choisi une équipe pluridisciplinaire, avec un intervenant qualifié par spécialité, afin de cerner au mieux chaque particularité du projet et de multiplier les réflexions au sein de l’équipe de Maîtrise d’Œuvre. Les réponses collectives seront ainsi le plus pertinentes possible. L’équipe est composée d’un BET structure (Nepsen) d’un BET fluide (Astrius) d’un BET HQE environnement (Eegenie) et d’un économiste (SF Fournier).

Notre équipe travaille ensemble depuis plusieurs années : nous avons une bonne organisation et interaction au sein de l’équipe. Notre habitude de travailler ensemble est le gage d’une bonne organisation au sein de l’équipe et d’une bonne interaction entre les différents intervenants.

Le Maître d’Ouvrage trouve un spécialiste dans chacune des missions techniques avec l’architecte en tant que chef d’orchestre de l’équipe et des projets. L’avantage de présenter un groupement avec des entreprises à échelle humaine et qui se connait bien est que les différents interlocuteurs jouent toujours le même rôle dans chaque affaire : les rôles sont définis en amont et chacun avance sereinement dans sa production. Cela rend le travail d’équipe plus efficace.

Notre agence d’architecture place ses intérêts au cœur de la question environnementale et est force de proposition dans la recherche d’un style architectural adapté à son environnement.

Cette volonté se traduit, au sein de l’agence, par des projets innovants : l’agence vient en effet de livrer le centre technique départemental pour la commune de Fleurieux-sur-l’Arbresle, un bâtiment en murs ossature bois / isolation paille et toiture végétale /isolation ouate de cellulose.

 

Autour de Linda Aydostian, une partie de l’équipe de maîtrise d’œuvre

Qu’est-ce qui vous a motivés à répondre à la consultation lancée par la CCVG pour ce projet ?

Chez L. Aydostian Architecte, notre volonté première est de s’inscrire dans une logique de construction écologique et environnementale. Dans le contexte actuel, nous savons tous que le besoin d’opérer une transition architecturale écologique se fait de plus en plus urgent. De nombreuses réalisations et innovations récentes témoignent de cette « tendance » à choisir des modes de constructions plus vertueux. Il nous tient particulièrement à cœur de valoriser notre patrimoine bâti, comme peuvent en témoigner nos nombreux projets de rénovation, mais également de créer des bâtiments vertueux et respectant l’environnement.

Notre souhait est surtout d’appliquer cette démarche à la ville et aux villages de notre quotidien, dans le but de voir ce genre de projets non plus comme des exceptions territoriales, mais comme des objets inhérents au paysage urbain et rural qui nous entoure. Le projet de construction du bâtiment agricole était pour nous une opportunité parfaite d’appliquer notre vision.

Le projet nous intéressait tout particulièrement car il a le potentiel de fournir une véritable réflexion architecturale sur les modes de fonctionnement des lieux de production agricole, en lien avec le partage et la transmission des connaissances. Ces questionnements sont au cœur des problématiques sociétales et nous aimons pouvoir y participer dans l’exercice de notre métier. Le bâtiment sera exemplaire en termes d’impact environnemental et de consommation, ce qui nous donne le potentiel d’en faire un emblème en termes de constructions agricoles contemporaines écologiques. Nous avons donc mis toute notre motivation dans cette candidature.

Nous avons également une certaine expérience dans la construction de bâtiments industriels : l’agence a en effet réalisé plusieurs bâtiments industriels, tels des laboratoires d’analyses laitières, des fromageries, boulangerie, etc. pour certains classés ICPE. Nous étions donc familiers aux différentes contraintes engendrées par un tel site.

Le projet de construction du bâtiment collectif agricole nous rappelait aussi beaucoup celui du centre technique de Fleurieux-sur-l’Arbresle sur les attendus environnementaux et fonctionnels. En effet, le Département du Rhône souhaitait un projet ambitieux environnementalement, tout en maîtrisant les coûts de construction et d’exploitation-maintenance. Nous avons pu réaliser un bâtiment tout en ossature bois, espaces de stockage des véhicules compris, en employant le bois en provenance des forêts départementales et en isolant le bâtiment en paille, laine de bois et ouate de cellulose, la paille provenant d’un agriculteur du secteur. Ce projet a beaucoup fédéré au sein de la Maîtrise d’Ouvrage, mais également auprès des utilisateurs qui se retrouvent autour d’un projet respectueux de l’environnement avec un cadre de travail pérenne et agréable à vivre. Nous souhaitons mettre la même énergie dans le projet de construction du bâtiment agricole, et nous souhaitons à l’équipe une belle aventure commune.

Pouvez-vous nous présenter votre projet, ses spécificités techniques, fonctionnelles, esthétiques… ?

Les priorités du projet de construction du bâtiment agricole de la CCVG sont déterminées dans le programme : le souhait est d’avoir un bâtiment aux aménagements modulables et pérennes, et de disposer d’un bâtiment performant que ce soit en termes d’ergonomie ou de thermique. Les coûts relatifs à la construction du bâtiment seront maîtrisés, et le bâtiment se veut être évolutif et bioclimatique. Le souhait de la maîtrise d’ouvrage est d’avoir aussi un bâtiment reproductible facilement.

Ceci nous a permis de définir les grandes pistes de réflexion de notre projet, à savoir :

  • L’utilisation de matériaux biosourcés avec l’aide de ressources disponibles localement, comme la paille et le bois provenant si possible de notre région.
  • Un aménagement intérieur contemporain et simple de mise en œuvre, au vu des orientations et des apports en lumière naturelle, associé avec du réemploi pour tout ce qui se prête au mobilier, à la faïence et au carrelage pour aller vers une certaine frugalité architecturale.

Le programme se décompose en trois zones importantes qui fonctionnent séparément et en autonomie les unes des autres. Il y a dans un premier temps les ateliers de production, la partie administrative et la partie stockage extérieure couverte.

Nous avons donc cherché à rationaliser au maximum notre projet afin d’assurer une certaine fluidité dans les déplacements. Cette rationalisation est aussi contrainte par la taille de la parcelle, très étroite (30 mètres seulement, moins les 4 mètres de recul depuis chacune des limites parcellaires).

Concernant le parti pris esthétique, nous avons souhaité donner à cette construction des lignes pures et simples, allant vers une identité visuelle contemporaine qui reprend les typologies traditionnelles des bâtiments agricoles.

Nous avons déterminé l’implantation des bâtiments en travaillant d’abord sur les extérieurs. Cette manière de procéder a été induite par la complexité et le manque de place sur la parcelle. Les besoins du projet en termes d’aires de retournement et de fluidité de circulation de véhicules lourds nous ont ainsi amené à travailler dans le sens d’une logique de fluidité des circulations.

La halle agricole est un volume rectangulaire fonctionnel. Ce volume est recouvert par une toiture à deux pans de pente d’environ 30%. Le choix se porte sur une charpente bois recouverte soit d’une toiture en zinc ou dans le cas le plus défavorable d’un bac acier. Cette charpente repose sur de grands portiques en lamellé collé qui forment la structure porteuse de la halle. La hauteur utile est de 6 mètres.

Le bâtiment administratif répond à la même typologie architecturale que celle utilisée pour la halle. Sa hauteur utile est de 2.50m. On retrouve ainsi l’utilisation d’une toiture à deux pans, qui se répète dans le prolongement de la toiture de la halle agricole. Les deux bâtiments dialoguent entre eux. L’idée est ici de donner une unité visuelle forte à l’ensemble des bâtiments afin de pouvoir les distinguer et de leur donner un aspect esthétique contemporain en lien avec leur fonction. Côté Sud, les ouvertures sont régulières et rythmées, offrant un maximum d’apports solaires et de confort visuel aux utilisateurs dans chacune des pièces du bâtiment administratif. Côté nord, quatre ouvertures rythment la façade et donne à voir depuis la circulation intérieure de la partie administrative sur l’aire de retournement principale.

Les deux extrémités du bâtiment administratif sont constituées d’auvents couverts de lames de bois orientées verticalement ou selon les pentes de toit. Côté parking public, le prolongement du bâtiment en auvent ajouré permet d’accueillir l’espace de vente extérieur. Côté halle agricole, le prolongement en pergolas ajouré permet de faire le lien entre les deux volumes et constitue un espace tampon.

L’abri couvert est constitué d’un simple volume en rectangle composé d’une structure porteuse en poteaux bois et de fermettes en bois qui portent une toiture à deux pans, à 30%. La toiture est en zinc, comme pour le reste des bâtiments du projet.

Les trois bâtiments sont traités avec le même matériau de construction, à savoir le bois en ossature et la paille en remplissage et isolation. L’abri couvert ne sera pas fermé et seule la structure poteaux-bois sera utilisée en plus du complexe de toiture.

La halle agricole et le bâtiment administratif sont tous deux constitués de portiques en lamellé collé. Ces portiques supportent la charpente bois et la toiture en couverture zinc. Les murs des deux bâtiments sont en MOB et remplissage paille. Un calepinage sera réalisé afin de prévoir le moins de découpe de paille possible. Les deux bâtiments seront traités en bardage bois en pose à claire-voie sur les quatre façades.

Dans le bâtiment administratif, la finition intérieure sera enduite. Dans la halle agricole, la finition intérieure se fera en panneau OSB brut.

Les matériaux ont été choisis pour répondre aux enjeux environnementaux, fonctionnels et surtout bioclimatiques.

Site internet de Linda Aydostian Architecte

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